Qu’est-ce qui aujourd’hui fait histoire ? Quels sont les objets que définissent les historien.n.es ? Quels pourraient être des objets autres et autrement « bons à penser » ?
La collection Objets d’histoire se propose d’ouvrir le spectre des champs, outils, explications et récits historiques pour s’emparer des questions vives du contemporain.
En premier, se déprendre des évidences et des catégories qui cadrent nos récits ; celles qui sont héritées d’une histoire par trop européocentrée. Interroger l’évidence de la césure entre nature et humain, comme nous y engagent Descola ou Latour ; questionner les certitudes en matière de raison et d’universel, de progrès et d’histoire au singulier dirait Koselleck ; proposer des mises en perspectives pour penser et situer les valeurs à partir desquelles les savoirs s’écrivent.
Penser comment nous avons construit les mondes et les autres, ce que produisent les manières (« européennes », genrées, scientistes) de catégoriser ; défaire ces partages – et analyser l’orientalisme de nos catégories, notre masculinisme naturel, nos certitudes quant au vrai. Inventer d’autres manières de « provincialiser l’Europe » et apprendre à penser avec d’autres et en d’autres langues, ici et ailleurs.
Ouvrir la discipline historique aux autres sciences sociales, aux études littéraires et aux studies (gender, science ou post-colonial). Mettre à profit les transformations profondes qui ont eu lieu dans ces champs, faire fructifier ce que nous apprennent ces approches transversales. Ne pas poser de frontières a priori tant dans les objets et les catégories que dans les façons de les entreprendre.
Enfin, s’attacher aux matérialités qui composent le social – ce qu’il faut de matériel pour faire les mondes, ce qu’il faut de matériel pour faire la démocratie par exemple. Penser le plurivers, la place de la nature, des techniques, des objets dans ce qui tient les sociétés. Ne pas considérer les sociétés comme des affaires entre seuls humains, penser la finitude historique de nos environnements.
Delphine Gardey est historienne et sociologue, Professeure à l’Université de Genève où elle dirige l’Institut des Etudes Genre. Dominique Pestre est historien des sciences, directeur d’étude à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
En premier, se déprendre des évidences et des catégories qui cadrent nos récits ; celles qui sont héritées d’une histoire par trop européocentrée. Interroger l’évidence de la césure entre nature et humain, comme nous y engagent Descola ou Latour ; questionner les certitudes en matière de raison et d’universel, de progrès et d’histoire au singulier dirait Koselleck ; proposer des mises en perspectives pour penser et situer les valeurs à partir desquelles les savoirs s’écrivent.