Informations complémentaires
Format | 16,5×23 |
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ISBN | 9782385190118 |
Pages | 320 |
25.00€
Le débat sur la sécularisation est l’un des plus nourris et des plus importants de la scène intellectuelle occidentale. Il a mobilisé et mobilise encore beaucoup de penseurs de premier rang car il engage le sens même de la modernité.
De Hegel et de Max Weber jusqu’à Jürgen Habermas, Gianni Vattimo ou Charles Taylor, cette discussion se déploie toutefois presque toujours dans un horizon exclusivement chrétien. Cela en marque les limites.
Dans cet essai, paru en 2010, David Biale s’attache à montrer la spécificité de la pensée juive de la sécularisation. Parce que dans la tradition juive la terre et le ciel n’ont jamais été séparés, le lien qui se noue entre tradition et sécularisation est un lien original. C’est dans leur tradition elle-même que les penseurs juifs hérétiques et séculiers trouvent les ressources et l’impulsion pour critiquer cette dernière. Tradition et contre-tradition se nourrissent l’une l’autre.
Fortement argumenté autour de trois grandes parties consacrées respectivement à Dieu, à la Torah et à Israël, David Biale réussit le tour de force de mobiliser dans ce livre qui demeure accessible, vivant et d’une grande clarté d’expression, une érudition considérable.
On aura compris que si ce livre est important pour les études juives, il l’est aussi plus largement pour la philosophie de l’histoire et la définition du sens de la modernité.
Traduit en de multiples langues, bénéficiant d’une renommée internationale, David Biale, né en 1949, est un des auteurs les plus importants des études juives contemporaines. Après avoir été le directeur du centre des études juives de Berkeley (1986-1999), il est professeur émérite à l’Université de Californie où il a occupé depuis 2009 la chaire des études juives du département d’histoire.
Outre son œuvre personnelle, dont de nombreux ouvrages traduits en français, Eros juif, de l’Israël biblique à l’Amérique contemporaine (Actes Sud, 1999) Gershom Scholem, Cabale et contre histoire (Éditions de l’Éclat, 2001), Pouvoir et violence dans l’histoire juive (éditions de l’Éclat, 2005) Le sang et la foi, circulation d’un symbole entre juifs et chrétiens (Bayard, 2009), il a dirigé le très remarquable ouvrage collectif Les cultures des juifs, une autre histoire (éditions de l’Éclat, 2005) qui a renouvelé l’historiographie juive contemporaine.
PRESSE :
. Le Monde des livres : « Ici-bas », de David Biale : les sources religieuses de la laïcité par Nicolas Weill
« Ici-bas. Pourquoi la Torah n’est pas au ciel » (Not in the Heavens. The Tradition of Jewish Secular Thought), de David Biale, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Rozenbaumas, Le Bord de l’eau, « Judaïca », 286 p., 25 €.
L’Américain David Biale, professeur émérite à l’université de Californie, dont bien des livres ont été traduits aux Editions de l’éclat, est l’un des historiens actuels du judaïsme les plus importants. Dans ce texte de 2010, Ici-bas. Pourquoi la Torah n’est pas au ciel, il fait œuvre d’érudit et d’essayiste à la fois, mettant son immense connaissance de la tradition juive au service d’une thèse. Selon lui, ce passé et cette tradition, y compris dans leurs composantes les plus religieuses, recèleraient déjà la possibilité de leur retournement en laïcité. Les penseurs et les intellectuels juifs, depuis Benedict Spinoza (1632-1677) jusqu’à l’ancien élève de yeshiva (académie rabbinique) devenu trotskiste Isaac Deutscher (1907-1967), inventeur de l’expression « juif non juif », par laquelle il se désignait lui-même, ont été les pionniers de ce désenchantement.
Si Biale passe assez vite sur le corpus biblique et talmudique, il voit dans l’œuvre du philosophe, médecin et dirigeant religieux Moïse Maïmonide (1138-1204), et en particulier dans l’une de ses œuvres les plus controversées, Le Guide des égarés (Verdier, 2012), une source involontaire du décrochage d’avec la transcendance. Laquelle débouchera, après moult avatars, sur l’aventure de la sécularisation. A force d’insister sur l’incommensurabilité entre l’homme et un Dieu accessible seulement indirectement, par allégories, la « théologie négative » maïmonidienne aurait vidé le monde de la présence divine. Si le passage de l’absence du divin à la négation de son existence supposera encore de nombreuses médiations et médiateurs, en l’occurrence des philosophes comme Spinoza ou Salomon Maimon (1753-1800), mais aussi des poètes comme Heinrich Heine (1797-1856) ou Haïm Nahman Bialik (1873-1934), un coin aurait été enfoncé dès le Moyen Age.
Marx lui-même
David Biale étend cette passionnante enquête à deux autres domaines qui peuvent définir l’être juif : la Torah (au sens de l’enseignement des règles de conduite) et Israël, au sens de la nation juive. Même s’il est plus délicat de lier l’engagement de juifs en rupture de foi en faveur du matérialisme et du marxisme à un terreau traditionnel, Biale en trouve des traces parfois surprenantes. Par exemple dans l’amitié et la correspondance que Marx lui-même – célèbre pour son peu d’aménité pour les juifs et le judaïsme – entretint avec le grand historien juif Heinrich Graetz (1817-1891). Ce dernier s’entêta à convaincre son correspondant que l’épicurisme, objet de la thèse de Marx, était déjà contenu dans le « vanité des vanités » du livre de l’Ecclésiaste…
Format | 16,5×23 |
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ISBN | 9782385190118 |
Pages | 320 |