Informations complémentaires
ISBN | 978-2-915651-89-8 |
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Pages | 300 |
Format | 13×20.5 |
22.00€
Depuis quelques années, l’idée de solidarité fait l’objet d’un consensus remarquable. À quoi tient la force d’évidence qui lui a permis de s’imposer d’un bout à l’autre du spectre politique ? On n’est pas sans savoir que l’idée n’est pas nouvelle, qu’elle a déjà eu son heure de gloire dans la France de la Belle Époque. Mais il est rare qu’on se réfère à l’ouvrage publié en 1896 par cette grande figure de la République radicale que fut Léon Bourgeois (1851-1925). C’est pourtant à cet homme dont la vie fut un combat de tout instant pour la coopération et pour la paix qu’il faut revenir si l’on veut comprendre le regain actuel de l’idée de solidarité après tant d’années de demi-oubli…
Avec ce petit livre au titre lapidaire, Solidarité, Léon Bourgeois élabore une théorie d’ensemble des droits et des devoirs de l’homme en société, et fait entrer l’idée de solidarité dans le droit public et dans la vie politique. Il s’efforce également de donner une doctrine philosophique à un parti qui en manque cruellement.
La réédition de ce texte, assorti des conférences et discussions entraînées par sa publication, vise d’abord à éclairer un moment clé de l’histoire de la République en France, ce moment 1900 où, dans le contexte des luttes sociales et politiques, la République cherche à concilier deux exigences indissociables, la liberté individuelle et la justice sociale. L’idée de solidarité apparaît alors comme le moyen de dessiner une troisième voie entre l’individualisme libéral et le socialisme collectiviste. Elle permet de surmonter la limite libérale en montrant comment la liberté peut générer des obligations positives qui préservent cette liberté. Contre l’individualisme du laisser-faire, le solidarisme de Léon Bourgeois proclame la vérité d’un individualisme radical repensé à la lumière du fait de société. Il réintroduit l’individu de droit, mais un individu concret assumant ses liens avec ses semblables.
Mais l’intérêt de ces textes est loin d’être purement historique. Car ils constituent une incitation à penser avec la même acuité la solidarité du XXIe siècle. L’État républicain peut-il intervenir dans la répartition des richesses sans empiéter sur la liberté des individus ? Et si oui dans quelle mesure ? La République peut-elle être sociale tout en étant libérale ? Comment concilier l’assistance sociale et la responsabilité individuelle ? Toutes ces questions sont encore les nôtres. Mais, si la doctrine élaborée par Léon Bourgeois est bien à l’origine de cette synthèse démocratico-libérale qui se cherche à nouveau depuis les années 1980, il n’est pas certain que la solidarité soit encore conçue comme un projet politique. D’idée-force qu’elle fut en 1900, l’idée risque bien de se dégrader en slogan creux, ou pire en mot-écran, si elle n’affronte pas ses ambiguïtés constitutives, à commencer par celle de ses différents territoires d’application. Lorsque s’efface la communauté politique seule à même de formuler et de garantir les droits des individus, l’obligation sociale risque bien de se transformer en « droits opposables » illimités… et vains.
L’auteur : Marie-Claude Blais ,docteur en philosophie et sciences sociales (EHESS), est maître de conférences à l’Université de Rouen. Elle a notamment publié Au principe de la République. Le cas Renouvier, Gallimard, 2000, et Solidarité, Histoire d’une Idée, Gallimard, 2007.
ISBN | 978-2-915651-89-8 |
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Pages | 300 |
Format | 13×20.5 |